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Agriculture de conservation des sols Un travail de fond

Trois piliers agronomiques pour une nouvelle agriculture. Si c’était aussi simple que cela, l’agriculture de conservation des sols serait aujourd’hui bien plus répandue dans nos campagnes. La distribution a bien compris qu’elle avait un rôle à jouer dans cette transition. Elle s’engage sur le terrain, dans ce travail de longue haleine, pour accompagner au mieux les agriculteurs.par Lucie Petit

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L’agriculture de conservation des sols, encore relativement nouvelle en France et parfois définie comme la « troisième voie agricole », commence à tracer un sillon de plus en plus marqué et remarqué dans les campagnes françaises. Cette agriculture, l’ACS, cherche à maintenir et améliorer la fertilité des sols, les protéger, notamment de l’érosion, pour construire des systèmes durables et résilients, techniquement mais aussi économiquement. Elle repose sur trois principes agronomiques fondamentaux, des pratiques appelées « piliers » : la limitation au maximum, jusqu’à l’absence, de travail du sol, la couverture permanente du sol et l’allongement et la diversification des rotations (voir l’illustration pp. 22-23). « Avant, le travail du sol était le fondement de notre métier », explique François Mandin, président de l’Apad, association pour la promotion d’une agriculture durable, l’un des acteurs précurseurs de l’ACS en France. Avec l’agriculture de conservation des sols, on prend tout et on recommence !

Une approche systémique avant tout

Selon notre enquête ADquation ci-contre, 34 % des agriculteurs interrogés mettraient en place ces trois pratiques piliers sur leur exploitation. Des agriculteurs qui essaieraient des choses donc, mais les mettent-ils en pratique tout le temps et simultanément ? « On a constaté qu’en étant dans la demi-mesure, ça ne fonctionne pas, commente François Mandin. Il faut que ces pratiques soient mises en place dans un système cohérent, c’est le système de production qu’il est important de prendre en compte, et ces pratiques n’en sont qu’une pièce. » Et toujours selon notre enquête, 30 % des agriculteurs qui mettent en place ces trois pratiques piliers déclarent n’avoir jamais entendu parler d’agriculture de conservation. La perception de la démarche ACS dans son ensemble est donc encore mal appréciée. 66 % des personnes interrogées déclarent toutefois avoir déjà entendu parler d’ACS. Si ce résultat est en progression de 11 points par rapport à 2018, ils sont encore 34 % à n’en avoir jamais eu vent ! Il y a donc un vrai travail de communication à faire.

Qu’en est-il d’ailleurs quand on demande aux agriculteurs s’ils pratiquent l’ACS ? 31 % déclarent la pratiquer. On est très loin des chiffres de l’Inra qui avançait 3 % en novembre 2017. Et on est encore plus éloigné des observations de l’Apad. « La réalité que l’on observe à l’Apad, ce serait plutôt 1 à 2 % qui mettraient vraiment en œuvre l’absence totale de travail du sol, qui est la base fondamentale de l’ACS, pointe François Mandin. L’ACS est un système de production qui n’est pas cadré dans un label, qui n’a pas d’identification très rigoureuse. » Avec nos 34 %, on serait donc face à des agriculteurs qui ont le sentiment d’aller dans le bon sens et de faire évoluer leurs pratiques. Mais peut-on parler de changement de système ? Cette notion d’agriculture de conservation reste bien floue dans beaucoup d’esprits… Cependant, on ne peut nier que l’ACS commence à faire son trou. Notre enquête le montre, avec une progression de 5 points des « déclarants pratiquer » et de 3 points de ceux qui « envisagent de pratiquer », en seulement une année.

De gros chantiers à entreprendre

Si elle est abstraite pour les principaux concernés, l’agriculture de conservation des sols est inconnue des consommateurs. L’idée de la création d’une filière dédiée est souvent évoquée par la profession. Selon Jean-Luc Forrler, de Vivescia, c’est même « l’une des prochaines étapes, valoriser cette agriculture à nous, comme une agriculture de sol vivant ».

Si les précurseurs de l’ACS ont longtemps été les seuls à prôner cette nouvelle agriculture, les acteurs économiques, coopératives et négoces, arrivent peu à peu sur le terrain. Il y a donc beaucoup plus de forces vives pour faire progresser l’ACS. Cela tombe bien ! Entre communication auprès de la profession, formation des agriculteurs et des équipes terrain, expérimentation et promotion à grande échelle, les chantiers sont multiples et conséquents. Un vrai travail de fond, somme toute !

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Un travail de fond

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